Interview. Nicolas Vinokurov "Un rêve devenu réalité"

Interview. Nicolas Vinokurov "Un rêve devenu réalité"

Après deux saisons passées avec l'équipe de développement d'Astana, Nicolas Vinokurov va rejoindre la formation World Tour la saison prochaine. Un rêve devenu réalité pour le jeune coureur kazakh qui tentera de franchir un cap la saison prochaine. 

Quel est votre premier sentiment après cette promotion en World Tour la saison prochaine ?

Je suis très content, c'est un rêve devenu réalité. J'espère pouvoir répondre aux attentes et faire de bons résultats. Je sens que chaque année je progresse. Je vais essayer de progresser encore plus la saison prochaine. 

Ce passage en World Tour était prévu ou cela s'est décidé au cours de la saison ?

Ça s'est fait au fil de l'année, rien n'était décidé à l'avance. 

Quel bilan faites-vous de ces deux années passées avec l'équipe de développement d'Astana ?

Il est assez positif. J'ai pu découvrir le monde professionnel, déjà, puis courir avec la World Tour. Je me suis construit petit à petit. Tout d'abord en faisant un gros bloc chez les espoirs afin de prendre de la caisse. Honnêtement, je pense que je suis prêt. Les gens ne le voient peut-être pas, mais moi je sens que je commence à être prêt pour être dans la catégorie supérieure même si ça va être compliqué j'en ai conscience.

Vous avez déjà eu l'occasion de disputer plusieurs courses prestigieuses. Si vous deviez mettre en avant un résultat ?

Je dirais le Tour de l'Ain l'an dernier (22ème). J'ai bien aimé être en forme là-bas surtout que le niveau était assez relevé. Sinon, le Tour de l'Avenir cette année (33ème). Il ne m'a pas manqué grand-chose pour être toujours avec les coureurs de devant. J'ai toujours terminé entre vingt et trente. 

Si vous deviez vous décrire en tant que coureur. Vous diriez quoi ?

Je suis plutôt puncheur-grimpeur. Pas grimpeur de longs cols, mais je peux grimper. Je vais essayer de m'améliorer sur les sprints et sur les montées de trois à cinq minutes. J'ai de bons watts sur ce type d'effort, je vais essayer de progresser encore plus pour en faire mon domaine de prédilection. 

Vous allez donc découvrir les courses du World Tour. Quelles courses vous font le plus rêver ?

En premier je dirais le Tour de France. En deuxième Milan-San-Remo, puis le Critérium du Dauphiné. 

Et au niveau des coureurs ? Avez-vous une idole ?

Ma plus grande légende c'est Mark Cavendish, après si on doit prendre un coureur à qui j'aimerais ressembler plus tard je dirais Philippe Gilbert. 

Astana a une riche histoire. Quelle époque vous a le plus marqué ?

J'étais un grand fan de Vincenzo Nibali, je l'ai toujours soutenu. J'étais là pour sa victoire sur le Tour de France en 2014, j'avais douze ans. On avait fait un tour à vélo avec lui sur les Champs pour célébrer. C'est un superbe souvenir et un super gars. 

Ces deux dernières années sont plus difficiles pour l'équipe. Comment vivez-vous la situation ?

C'est vrai que ça fait un contraste. Tu passes de gagner le Tour de France, le Giro ou la Vuelta à batailler à essayer de gagner une étape sur un grand tour. C'est compliqué de voir l'équipe comme ça. Mais je pense qu'on a fait un bon recrutement pour la saison prochaine. Et il n'est pas terminé. On va essayer de marquer beaucoup de points l'année prochaine pour réussir à se maintenir dans le World Tour. 

Vous évoquez le recrutement. D'autres coureurs vont être annoncés. Un mot sur Mark Cavendish, on imagine que vous croisez les doigts pour courir avec lui une saison de plus ?

C'est sûr, j'ai envie qu'il reste. Mais c'est son choix. Qu'il reste ou pas, tout le monde respectera son choix. Il doit peser le pour et le contre avec sa famille. Quoi qu'il décide, je serai content pour lui. 

On vous avait vu très heureux sur les réseaux sociaux lors de sa victoire sur le Giro...

Oui, j'étais comme un fou devant ma télévision. J'ai crié, j'ai limite perdu ma voix. J'ai mon cœur qui est monté à deux-cent vingt battements par minutes. Encore pire que quand je suis en course. Mark Cavendish, c'est une inspiration. J'espère qu'il va rester et qu'il nous apportera encore de grandes victoires. 

Parmi les recrues annoncées pour 2024, y-a-t-il des coureurs que vous trouvez particulièrement intéressants ?

J'ai bien aimé Ide Schelling. Quand je l'ai vu sur les courses en début de saison, je me suis dit que c'est un coureur qu'il fallait recruter. C'est un très bon choix pour Astana. Sinon Lorenzo Fortunato. Je pense qu'on va bien performer avec eux. 

Un mot sur votre fin de saison, quelles courses allez-vous disputer ?

Je serai au Tour d'Istanbul (28/09-01/10) et au Tour de Kyushu (0710-09/10) cette fois-ci avec l'équipe WT. Je devrais y être avec mon frère (Alexandre). 

Un mot justement sur ce dernier. Ça ne va pas vous faire drôle de ne plus être dans la même équipe la saison prochaine ?

Non, car je pense qu'on va réussir à faire des courses ensemble. De toute manière, il sait qu'il n'est pas encore prêt à monter à l'échelon supérieur et qu'il doit encore faire ses preuves. Déjà en essayant de gagner au Kazakhstan, puis en faisant quelques résultats en Europe. 

Revenons à la saison prochaine. Vous fixez-vous des objectifs pour cette première saison en World Tour ?

J'en n'ai pas encore de précis, mais j'espère quand-même passer un grand cap. Je veux être capable d'aider l'équipe dans des moments où il faut l'aider. Pas le début de course, je veux vraiment être là si on me demande de faire quelque chose en fin de course. Puis même à titre personnel, si dans une classique on a tous carte blanche j'espère être là à la fin et jouer quelque chose. Mais je pense que j'en suis capable. Je vais bien travailler l'hiver, et je serai prêt pour l'an prochain. 

Dernière question, quand on est le fils d'Alexandre Vinokourov on est forcément constamment jugé. Comment le vivez-vous ?

Honnêtement, ça ne me préoccupe pas vraiment. Quand on a annoncé mon passage en World Tour il y a eu beaucoup de commentaires et je m'y attendais. C'est le « fils de », il a un ticket pour passer, c'était prévu d'avance... Je suis d'accord en soi, il y a plein de français qui ont ma place et qui sont beaucoup plus forts. Mais à Astana, il y a un quota de dix coureurs kazakhs. Et je pense avoir ma place parmi eux. J'ai eu cette opportunité, je ne vais pas dire non. 

Propos recueillis par Alexandre Paillou

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